L’essentiel et les points à retenir :
- Les conditions de travail diffèrent souvent entre les hommes et les femmes en raison de leurs métiers.
- Les femmes peuvent exercer des métiers traditionnellement masculins, mais font face à des obstacles tels que l’effet Matilda, la menace du stéréotype et le syndrome de l’imposteur.
- Les hommes sont plus exposés à la pénibilité physique, tandis que les femmes subissent plus souvent une pression temporelle et une charge mentale importante.
- Les femmes ont les compétences pour exercer tous les métiers, mais sont parfois confrontées à une moindre reconnaissance de leurs qualifications.
- Il est important de reconnaître que les femmes sont capables de faire tous les métiers et de surmonter les obstacles sociaux et professionnels qui se dressent sur leur chemin.
Des conditions de travail souvent différentes entre les femmes et les hommes en raison de leurs métiers
Les salariés n’ont pas les mêmes conditions de travail selon leur sexe [Ouvrir dans un nouvel ongletAvril, Marichalar, 2016]. Les hommes sont plus exposés à la pénibilité physique, comme porter des charges lourdes ou travailler dans un environnement agressif, alors que les femmes subissent plus souvent une pression temporelle, les obligeant à se dépêcher ou à exécuter des gestes répétitifs. Elles disposent de moins d’autonomie dans l’organisation de leur travail et sont plus exposées à une charge mentale importante (penser à trop de choses à la fois, cacher leurs émotions, etc.).
Les femmes peuvent-elles faire tous les métiers?
Les femmes peuvent faire des métiers d’hommes.Les femmes ont les compétences pour faire des métiers masculins mais elles en sont dissuadées par l’effet matilda, la menace du stéréotype et le syndrome de l’imposteur. Oui, les femmes sont capables de faire tous les métiers ! On vous explique pourquoi certaines personnes pensent encore que les filles ne peuvent pas faire tous les métiers et pourquoi ces personnes se trompent.
Selon cette représentation, si les métiers qu’exercent la majorité des femmes ne sont perçus que comme la reproduction de ce qu’elles font dans la sphère personnelle, si on considère implicitement qu’elles n’ont pas besoin de compétences particulières pour exercer ces métiers, cela peut avoir un impact sur la reconnaissance de leurs qualifications. Cette moindre reconnaissance de leurs qualifications peut engendrer une plus faible valorisation des emplois qu’elles occupent et expliquer, in fine, que persistent des différences salariales, héritées des classifications professionnelles qui ont été construites antérieurement.
Des quotas en entreprise
Dans le cadre des actions positives, a également été promulguée, le 27 janvier 2011, la loi n° 2011-103 fixant des quotas de femmes dans les conseils d’administration et de surveillance (dite « loi Copé-Zimmermann »). Ce texte prévoit l’instauration progressive de quotas pour aller vers la féminisation des instances dirigeantes des grandes entreprises (entreprises publiques et entreprises cotées en bourse). Trois ans après la promulgationActe par lequel une loi votée devient exécutoire (matérialisé par la signature d’un décret de promulgation par le président de la République, contresigné par le Premier ministre et les ministres chargés de l’application de la loi) de la loi, les instances concernées doivent compter au moins 20% de femmes. Six ans après, le taux de féminisation doit atteindre 40%. Le non-respect de ces quotas entraîne alors la nullité des nominations (sauf celles des femmes).
La montée spectaculaire du taux d’activité féminin depuis trente ans s’est accompagnée d’une mixité croissante de la quasi-totalité des métiers. Mais les habitudes sociales font de la résistance. Les femmes continuent d’occuper massivement des métiers qui reproduisent, dans l’univers professionnel, les tâches de services qu’elles assurent au sein de la famille. Les femmes sont assistantes maternelles, employées de maison, aides- soignantes, infirmières, coiffeuses, agents d’entretien, serveuses… Des tâches souvent mal rémunérées, parfois parce qu’elles sont peu qualifiées, toujours parce que ce sont des femmes qui les assurent. De même, dans les entreprises, les femmes gèrent la logistique, en tant que secrétaires, comme elles assurent la bonne marche de leur foyer, sans que cette compétence soit reconnue par une rémunération.
Casser les clichés
Mais depuis quelques années progresse l’idée que des métiers à prédominance masculine deviennent plus ouverts aux femmes et l’inverse. Ainsi, les pompiers se féminisent par exemple. En 2021, on dénombrait un peu plus de 40.000 femmes pompiers sur un total de 246 800 pompiers, ce qui fait environ 1 femme pour 6 hommes et laisse présager une augmentation continue, même si cela peut prendre du temps. Par exemple, dans le cas du secteur de l’ingénierie, secteur qui manque de femmes, une étude du Ministère de l’Enseignement supérieur estime que la parité sera seulement atteinte l’année 2075. Dans le secteur du bâtiment, en dehors des métiers très masculinisés, le nombre de femmes augmente néanmoins selon une enquête de la Fédération française du bâtiment de 2018, bien qu’elles soient d’abord employées dans les bureaux plutôt que sur les chantiers.
Nadia*, 24 ans, pompier : “Quand on assiste une femme victime d’agression sexuelle, c’est toujours plus simple pour communiquer s’il y a une femme pompier sur l’intervention”
« Au début, intégrer une caserne me faisait peur. C’est réputé pour être très sportif, je suis une ancienne ronde et j’ai perdu beaucoup de poids, donc c’était un défi à relever pour moi. Mais l’intégration avec les hommes s’est plutôt bien passée, j’ai pas mal de repartie quand il faut avoir du répondant. J’avais peur de devoir ravaler ma fierté, surtout qu’en tant que femme, on est minoritaire et on peut facilement se faire marcher sur les pieds ! Dans ma première caserne, j’étais la seule pompier au grade de première classe, sur le terrain. Il y avait une autre femme, mais qui avait le grade de sergent. Comme on n’était pas sur le même palier parce qu’il y a un système de grades à respecter, nous n’étions pas proches, il n’y avait pas de “solidarité féminine” entre nous. Je me sentais un peu la seule fille sur le bateau. Mes collègues masculins appréhendaient de partir en intervention avec moi parce que je suis une femme. Ça m’est déjà arrivé que, pour un brancardage, le chef d’agrès me propose de me remplacer, alors que c’est mon rôle. Ou bien des petites remarques du type : “Ça va aller pour porter, au niveau du poids ?” Durant les interventions difficiles, mes collègues avaient tendance à s’inquiéter davantage. J’ai eu quelque chose à prouver, peut-être plus qu’un homme. Mais je ne pense pas que ce soit volontaire de leur part, c’est inconscient. Il y a tellement peu de femmes qu’ils n’ont pas l’habitude. Et puis les mecs de la caserne sont un peu patauds avec l’idée qu’une femme, c’est difficile, c’est fragile… Ils se rassurent en me posant des questions, pour savoir si tout va bien ou par souci de galanterie. Comme je suis une fille, il faut être “plus sympa”. Moi, je suis le genre de personne qui prend mal ces comportements : je n’aime pas le favoritisme et je n’aime pas être fragilisée. Certains se complaisent là-dedans, pas moi. Ce que j’envie quand même aux garçons – et en ce sens, je pense qu’il y a un avantage à être un homme chez les pompiers –, c’est la complicité. Étant donné que je suis une fille, je vais être extérieure à certaines choses et à certaines conversations. Sinon, peut-être aussi au niveau de la musculature, mais je suis persuadée qu’on a besoin des forces de chacun. Un exemple : en secours routier, seules les personnes fines et de petite taille arriveront à se faufiler à l’intérieur du véhicule pour porter assistance à quelqu’un qui serait coincé. On a besoin de tous les physiques, de tous les corps. Aussi, quand on assiste une femme victime d’agression sexuelle, ou une femme enceinte par exemple, c’est toujours plus simple pour communiquer s’il y a une femme pompier pour intervenir avec les garçons. Une présence féminine peut énormément aider sur ce type d’intervention. Je trouve cela intéressant, car ça ne me rabaisse pas en tant que femme, mais ça me rend, au contraire, complémentaire. En revanche, ce qui m’arrive souvent en intervention, ce sont des remarques du type : “Oh, c’est rare de voir une fille chez les pompiers !” Au début, c’était marrant, mais au bout d’un moment ça devient lourd. »
La première source d’écart de salaire est la ségrégation professionnelle
Les hommes et les femmes n’occupent pas les mêmes métiers, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs ou les mêmes entreprises : c’est ce qui définit la ségrégation professionnelle entre femmes et hommes. Des études permettent de faire le point sur les écarts salariaux liés à chacune de ces disparités. Parmi les actifs, les femmes sont notamment moins souvent cadres que les hommes (17 % contre 22 %) et elles sont sur-représentées dans des secteurs peu rémunérateurs (commerce de détail, action sociale…). Ces différences de catégories socio-professionnelles et de secteurs d’activité expliquent à elles seules la moitié des écarts de salaire horaire entre les femmes et les hommes. Indépendamment des secteurs d’activité, la répartition des hommes et des femmes peut être très différente d’une entreprise à l’autre. Dans le secteur privé, les femmes travaillent dans des entreprises dans lesquelles 62 % des salariés sont des femmes, en moyenne, alors que les hommes travaillent dans des entreprises dans lesquelles seulement 27 % des salariés sont des femmes, en moyenne. Dans le secteur privé, et une fois que l’on a tenu compte des caractéristiques individuelles de chaque salarié.e, la plus forte concentration de femmes que d’hommes dans des entreprises généralement moins rémunératrices compte pour 11 % des inégalités de salaire horaire entre les sexes.
En outre, dans les métiers mixtes, dans les métiers féminisés de service et les métiers masculinisés ouvriers, où les risques professionnels sont les plus élevés, les femmes sont davantage confrontées que les hommes à tous les risques (travail intense, conflits de valeur, instabilité du poste, manque d’autonomie et de reconnaissance, etc.) à l’exception de la pénibilité physique. Ces différences d’expositions amènent à s’interroger sur le rôle des normes de genre dans les risques que les femmes et les hommes encourent dans leur travail, y compris dans leur appréhension.